Un tiers des petits brasseurs et près d’un cinquième des cafés financièrement sains maintenant en danger

La réouverture de l’horeca pour sauver notre patrimoine culturel

Les Brasseurs Belges font preuve d’une grande compréhension quant aux inquiétudes par rapport à la situation sanitaire actuelle. Ils appellent néanmoins à un débat serein basé sur l’ensemble des données factuelles, y compris la situation économique et le bien-être mental des Belges. A cette fin, ils partagent l’étude réalisée par le bureau Graydon sur la situation économique de l’horeca et des brasseurs.

Un an après le début du premier confinement, les Brasseurs Belges font le point sur leur situation économique grâce à une étude menée par le bureau Graydon. Les conclusions sont sans appel : tous les signaux sont au rouge pour les petits brasseurs, même pour les entreprises auparavant en bonne santé. Un regard sur l’état des bars et cafés montre que la situation n’est pas moins dramatique pour ces acteurs. 

L’étude démontre que chaque jour supplémentaire de fermeture représente un coût très élevé pour l’ensemble de la société belge. C’est pourquoi les Brasseurs Belges plaident pour une réouverture complète de l’horeca le 1er mai et un soutien financier important, sans quoi un tiers de ce patrimoine culturel reconnu par l’UNESCO risque de disparaître. Pour non seulement sauver notre économie mais aussi la santé mentale des Belges et pour garder le contrôle de la pandémie, les Brasseurs Belges soutiennent l’appel des patrons de cafés et restaurants qui souhaitent ouvrir leurs terrasses pendant les vacances de Pâques par anticipation à une ouverture permanente et garantie de l’horeca dès le 1er mai. En maintenant les aides en vigueur, chaque tenancier garde la liberté d’entreprendre et d’ouvrir sa terrasse même avec une offre réduite ou limitée.

L’horeca peut être considéré comme une partie de la solution et ce, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur grâce au contrôle social du tenancier et aux protocoles tels que définis par les fédérations HoReCa et les experts. Les terrasses peuvent offrir un environnement de détente sécurisé selon les protocoles stricts de l’horeca, ce qui permettra à la population de souffler un peu; un désir qui est d’ailleurs partagé par une majorité de Belges (7 sur 10), qui souhaitent pouvoir consommer une boisson ou un repas en terrasse. Il va bien sûr de soi que chaque exploitant doit pouvoir être libre de décider de rouvrir ou non sa terrasse, sur base de sa propre analyse de rentabilité et des aides en vigueur.

Plus d’un petit brasseur sur 3 qui était financièrement sain désormais en danger immédiat

A la veille de la pandémie, près de 9 petites brasseries belges (moins de 50 employés) sur 10 (87,5 %) étaient considérées comme des entreprises en bonne santé financière. Selon une étude demandée par les Brasseurs Belges auprès du bureau Graydon, seulement 28,4 % des brasseries, soit 50 d’entre elles, seraient encore en bonne santé. Il apparaît qu’une proportion comparable de brasseries (27,3 % - 48 brasseries) était précédemment en bonne santé et fait maintenant face à de grandes difficultés. Plus inquiétant, près d’un tiers des brasseries (31,8 % - 56 brasseries) étaient saines avant la crise et se trouvent maintenant au bord de la faillite. Ces deux dernières catégories représentent 104 brasseries et un peu plus de 600 emplois directs. Dans le cas d’une réouverture de l’horeca le 1er mai, jusqu’à 30 millions d’EUR de soutiens financiers devront être apportés à ces brasseries pour assurer leur survie. La crise touche très clairement les petits brasseurs, qui mettent sur le marché de nombreuses bières spécialisées. Or, ce sont aussi ces brasseries qui font la richesse et la diversité du secteur brassicole belge, puisque ce sont elles qui encouragent l’innovation en termes de processus de production et de goûts.

Krishan Maudgal, Directeur de l’asbl Brasseurs Belges, évoque cet aspect symbolique important: "Avec la pression de la fermeture de l’horeca, c’est un tiers du patrimoine culturel belge, d’ailleurs reconnu par l’UNESCO, qui est vraiment en danger. Grâce à sa diversité et à sa qualité, la bière belge est reconnue aux quatre coins du monde. Le confinement risque d’effacer toute cette histoire riche et diversifiée."

Yvan De Baets, co-fondateur de la Brasserie de la Senne, rajoute : "La survie de la plupart des brasseries est intrinsèquement liée à l’ouverture de l’horeca. Le bien-être des Belges l’est aussi. Les bars et restaurants sont des endroits qui sont par essence régulés par les patrons et leur personnel, et dans lesquels l’application de règles sanitaires est plus facile que dans de nombreux autres lieux. Une réouverture rapide de l’horeca est indispensable pour éviter de perdre à jamais des acteurs essentiels du bien-vivre en Belgique. Chaque jour compte!"

Une situation également très difficile pour les bars et cafés

Et ce coût est encore plus lourd si l’on veut assurer la sauvegarde des cafés et des bars, qui sont intrinsèquement liés aux brasseurs belges et font partie de la culture de la bière en Belgique. A la veille du premier confinement, 80,2 % (soit 10.080 débits de boissons) étaient en bonne santé financière. Au lendemain d’une réouverture le 1er mai, seul un peu plus d’un tiers des cafés et bars (36,6 % - 4.597 établissements) le seraient encore. On remarque qu’un quart (25,7 % - 3.232 établissements) font face à de grandes difficultés alors qu’ils étaient précédemment en bonne santé. De plus, près d’un cinquième (17,9 % - 2.251 établissements) des cafés et bars précédemment sains sont maintenant au bord de la faillite. Ces deux dernières catégories représentent un total de plus de 13.000 emplois directs. Des soutiens financiers à hauteur de 279 millions d’EUR seraient nécessaires pour les sauver.

Krishan Maudgal explique les demandes concrètes du secteur : "L’étude de Graydon le montre très clairement : sans soutien financier important, près d’un tiers de nos brasseries (31,8 %) et près d’un cafés et bars sur cinq (17,9 %) risquent la faillite alors qu’ils étaient auparavant en bonne santé financière. C’est pourquoi nous souhaitons une ouverture complète des établissements pour le 1er mai, ainsi que le maintien et le renforcement des mesures de soutien. Les brasseurs soutiennent également la demande des patrons de cafés et restaurants qui désirent ouvrir leurs terrasses pendant les vacances de Pâques, tout en maintenant les mesures de soutien, puisque cela aiderait fortement le secteur à sortir de l’impasse. Pour ces entreprises autrefois en bonne santé, il faut, d’une part, résoudre les problèmes de liquidité en maintenant et renforçant les primes de soutien actuelles des différents niveaux de pouvoir et, d’autre part, répondre aux problèmes de solvabilité lors de la réouverture grâce à la réduction globale de la TVA à 6 % dans l’horeca, l’exonération des cotisations ONSS, la récupération des accises sur les bières périmées, la vente d’alcool après 20h, etc."

Prendre un verre en toute sécurité, un désir partagé par tous les Belges

Sur base de l’étude de Graydon, force est de constater que la situation est critique et urgente, aussi bien pour les brasseurs que pour les débits de boisson. Chaque semaine de fermeture représente un effort supplémentaire de plus de 8 millions d’EUR, soit plus de 1 million d’EUR supplémentaire par jour. Chaque jour compte. C’est pourquoi les Brasseurs Belges soutiennent la demande des patrons de cafés et restaurants qui souhaitent ouvrir leurs terrasses pendant les vacances de Pâques par anticipation à une ouverture permanente et garantie de l’horeca dès le 1er mai. En maintenant les aides en vigueur, chaque tenancier garde la liberté d’entreprendre et d’ouvrir sa terrasse même avec une offre réduite ou limitée.

La population a besoin de respirer durant cette période de vacances. Une demande appuyée par une autre étude, publiée par l’Université d’Anvers le 23 février 2 , selon laquelle l’activité que les citoyens belges désirent le plus reprendre est de boire un verre ou manger en terrasse (71 % des participants). Cette activité se classe même devant le désir d’accueillir plus d’une personne à l’intérieur (65 % des participants). Ce désir premier pour une sortie au café ou au restaurant a d’ailleurs été confirmé cette semaine par les résultats du sondage réalisé ce week-end par RTL, Le Soir, Het Laatste Nieuws et VTM Nieuws. De plus, les pays frontaliers sont en passe de permettre la réouverture de l’horeca, ce qui risque de mener à un exode des Belges à l’étranger, malgré les interdictions en vigueur, pour profiter de ces activités.

Les événements de ces dernières semaines ont démontré que le bien-être mental de la population est fortement mis sous pression après presque 5 mois de confinement; ce qui s’est soldé par des rassemblements incontrôlés. Or, les terrasses peuvent offrir un environnement de détente sécurisé en attendant une réouverture complète le 1er mai. Les protocoles stricts, en cours de discussion avec toutes les fédérations HoReCa (et celles de leurs fournisseurs), et les autorités, permettront de garder le contrôle sur la propagation du virus. Une réouverture permanente, sûre et balisée de l’horeca est d’autant plus envisageable dans les semaines à venir grâce à l’arrivée du beau temps, à l’avancée de la campagne de vaccination et à un meilleur dépistage et traçage. L’horeca fait partie de la solution